@informateur.- L’argent tiré de la corruption, du blanchiment de capitaux, des flux financiers illicites et autres crimes économiques alimente, on le sait, le terrorisme. L’organisation, le recrutement, l’armement et l’activité djihadiste en dépendent. Car ce financement ne peut provenir de circuits légaux. Or, la Côte d’Ivoire, depuis des lustres, est hélas une terre bénie pour la corruption qui sévit dans toutes les sphères de l’État, jusqu’au sommet. Si la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption 2024-2028 est à saluer, il n’en demeure pas moins que beaucoup reste à faire. D’autant plus que les financiers du terrorisme sont tapis dans l’ombre. La preuve, 29 personnes soupçonnées de financer des groupes terroristes ont vu leurs avoirs gelés en Côte d’Ivoire, sur la base d’un arrêté pris en mai par le ministre des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, et entré en vigueur en août 2024, indique un document de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF).
Cet arrêté, confient les sources, fixe les sanctions financières à l’encontre des personnes soupçonnées d’être impliquées dans le financement d’activités terroristes. Mais qu’en est-il des éventuelles poursuites contre ces personnes au cas où ces infractions et crimes sont avérés? On en saura davantage peut-être. Il faut le dire, l’on n’est pas surpris par une telle annonce, quand l’on se rappelle qu’en 2021 déjà , la Haute autorité pour la bonne gouvernance (HABG) et le Pôle pénale économique et financier (PPEF) annonçaient l’inculpation d’au moins 473 personnes pour corruption, blanchiment de capitaux, flux financiers illicites…
Depuis, l’on n’a pas appris beaucoup sur les personnes mises en cause et les suites des procédures engagées contre elles. C’est justement en mars 2016 que s’est produit l’attaque terroriste de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire. Il faut louer les efforts accomplis par les autorités ivoiriennes depuis lors pour contenir la menace terroriste. Mais la lutte antiterroriste ne va pas sans la lutte contre la corruption. Si les djihadistes ne peuvent pas se déployer en Côte d’Ivoire, ils sont susceptibles d’orchestrer le financement de leurs activités criminelles, notamment aux frontières avec le Burkina Faso et le Mali, à partir de ce pays. Il ne faut donc pas baisser la garde.
DL/informateur.ci