@informateur- Le cimetière de Yopougon situé au nord d’Abidjan n’affiche pas bonne mine. L’insalubrité des lieux et les herbes qui engloutissent les tombes, faute d’entretien, questionnent non seulement la responsabilité du District Autonome d’Abidjan mais aussi le sens du respect que les vivants ont pour les disparus. Informateur.ci y a fait un tour..
Le temps d’un recueillement, ce mercredi 24 juillet 2024 au cimetière de Yopougon qui s’étend sur 98 hectares, l’un des 5 que compte le District autonome d’Abidjan, aura mis en lumière le manque d’entretien adéquat de ce lieu d’inhumation. De fait, dès qu’on franchit l’entrée du cimetière, sur la droite, se trouve le ‘’poste de gestion’’ sur lequel est estampillé District Autonome d’Abidjan, comme pour annoncer que le site de sépulture est sous la gestion du District. Sauf qu’il a besoin d’une couche de peinture pour être plus accueillant. Son aspect est d’ailleurs comparable à certaines tombes que l’on découvre plus loin, c’est-à-dire dans un état de vétusté avancé, rongées par la moisissure. Dès qu’on passe le ‘’poste de gestion’’, un monceau d’immondices accueille les visiteurs et proches des défunts. Le comble, c’est que ces ordures s’amoncellent devant la 1ère tombe sur la droite. Puis on en trouve d’autres sur le chemin qui s’enfonce à l’intérieur du cimetière. Comment expliquer que des ordures puissent s’amonceler devant des sépultures si ce n’est le fait des vivants qui n’ont certainement aucun respect pour les morts?
- Des ordures et de hautes herbes…
Le second constat qui frappe le visiteur dans ce monde où domine le silence, ce sont les herbes qui occupent une bonne partie du site. Hautes par endroits, elles engloutissent plusieurs tombes, vieilles comme neuves. Elles font certainement le lit des reptiles mais aussi des rongeurs. Difficile de repousser l’idée que ces animaux se nourrissent sans doute de la chair humaine vu la grande proximité avec les cadavres. Ce qui est inadmissible. Le constat est que les herbes sont très hautes dans le carré de l’espace réservé aux indigents où les ossements sont retirés après trois ans (le temps de la décomposition complète des corps) pour être mis dans des fosses communes afin que l’espace soit réutilisé par d’autres corps. Mais à la vérité, même certaines tombes établies sur les terrains concédés, c’est-à-dire pour une durée comprise entre 15, 20 et 99 ans n’échappent pas à la broussaille.
- …qui font le lit des reptiles et des rongeurs
Lors de notre passage, ce mercredi, nous avons rencontré au moins une cinquantaine de croque-morts, en majorité des jeunes, qui proposent à tous ceux qui franchissent le portail leur aide, soit pour retrouver une tombe, soit pour un travail de réhabilitation de tombes, soit encore pour préparer une inhumation etc…C’est ainsi qu’ils gagnent leur pain. Mais au-delà, ils ont également, en appui du concierge du cimetière, un rôle de surveillance du monde qui y entre. L’un d’entre eux nous montre du doigt un carré qu’il nettoie régulièrement avec ses camarades. «C’est un monsieur qui nous paie régulièrement pour nettoyer tout cet espace parce qu’il a trois membres de sa famille enterrés ici», nous apprend dans la foulée ce jeune croque-mort.
Si l’inhumation et l’entretien d’une tombe incombent aux proches du défunt, qui déboursent de l’argent à cet effet, l’entretien du cimetière lui-même revient au District. Lequel ne semble pas faire de toute évidence son job au regard de notre constat. La preuve, les ordures et les hautes herbes qui entretiennent une communauté de reptiles et de rongeurs n’engagent pas la responsabilité des familles des défunts. Puisque chacun balaie devant sa porte, pour ne pas dire devant les sépultures des siens. Alors, pourquoi le District dont la régie perçoit des taxes d’inhumation comprises entre 15000, 40.000, 90.000 et 190.000 FCFA par corps, ne recruterait pas des croque-morts, de façon contractuelle, pour débroussailler régulièrement les lieux afin de le tenir propre? C’est quand même notre dernière demeure… Et elle mérite quelques égards.
ALI/Informateur.ci