@informateur- Dans une analyse intitulée ‘’AES : 2 sans 1 ou la logique de double vitesse’’ qu’il a publiée, ce mercredi 22 août 2024 sur la page Méta, le journaliste éditorialiste burkinabè, Lookman Sawadogo, exhorte les autorités de la Transition burkinabè a exploré la voie du dialogue dans la lutte contre le terrorisme. Convaincu que l’option militaire ne saurait être ni la seule, ni la meilleure stratégie. Ci-dessous l’intégralité de son analyse.
«Si l’objectif affirmé dans la charte de l’AES c’est la mutualisation des moyens pour lutter contre le terrorisme dans le Sahel donnant ainsi des instruments comme des opérations conjointes, des droits de poursuites à chacune des armées à l’intérieur des frontières du voisin, une force conjointe des trois pays avec une unique stratégie qui est la confrontation militaire exclusivement, comment comprendre et analyser qu’aujourd’hui le Niger et le Mali changent de tactique pour engager la négociation avec les groupes terroristes armés ?
1-Qu’adviendra- t- il de la stratégie globale des trois notamment du droit de poursuite et des opérations conjointes ?
2- Si le Mali et le Niger nouent des accords avec les groupes terroristes pour avoir la sécurité chez eux pourraient-ils encore respecter la stratégie commune des trois qui ne privilégie que l’option militaire ?
3- S’il y’a des attaques terroristes contre le Burkina quelles seraient l’attitude du Mali et du Niger ? Peuvent-ils s’impliquer militairement pour soutenir le Burkina ? La réponse est NON. Parce qu’ils ne voudront pas compromettre leurs accords avec les groupes terroristes et devoir à nouveau subir des attaques.
4- Si les terroristes attaquent le Burkina et fuient vers le Niger et le Mali est-ce que les Burkinabé pourraient mettre en œuvre le droit de poursuite avec l’accord des maliens et nigériens ? La réponse est également NON.
Parce qu’ils éviteraient de frustrer les terroristes en offrant leur sol pour qu’on les combattent. Les deux pays craindront de mettre à mal leurs intérêts de sécurité soutenus par les accords avec les terroristes. Conséquence, dans l’AES, il y’a une logique à double vitesse qui s’est installée au nom des intérêts de chaque État.
Ce sera au Burkina de savoir quoi faire : soit opter pour la négociation ou continuer l’option de la guerre pour la guerre avec une donne qui change et se complexifie.
En étant désormais seul Etat dans l’hostilité face aux groupes armés terroristes dans le Sahel, il faudra trois fois plus de capacités pour contenir les vagues d’attaques dont il pourrait être la cible, le Mali et le Niger bénéficiant d’une trêve. La vérité est que le Mali et le Niger ont choisi d’abandonner le Burkina au milieu du quai en préférant négocier malgré les conséquences sur l’AES et la sécurité du Burkina.
Cela ne devrait point surprendre. Ils n’ont fait qu’appliquer le principe en or en relations internationales à savoir que les États n’agissent que dans le sens de leurs intérêts. Il n’y a que les intérêts qui gouvernent et déterminent les rapports entre pays. Rien d’autre. L’amitié et le sentimentalisme sont secondaires sinon accessoires. Les crises du multilatéralisme sont liées à cette réalité des choses.
C’est de cette même manière que la Russie quittera un jour le Sahel sans égards pour les pays, si elle n’a plus d’intérêts à gagner.
Ma position a été qu’il faut intégrer le dialogue dans la lutte contre le terrorisme burkinabé; elle reste invariable sur le sujet dans deux de mes ouvrages parus en février 2021 et décembre 2022 et plus largement dans le dernier «Pouvoir, armée, ethnie et religion : comment éviter l’implosion?»
Lookmann Sawadogo
Journaliste éditorialiste
Auteur -Essayiste
Expert Géopolitique et Geostrategie