Croisade contre le désordre urbain à Abidjan : Que pourra faire une brigade de moins de 300 hommes?

La brigade de lutte contre le désordre urbain

@informateur- Le lundi 22 juillet 2024, le District autonome d’Abidjan (DAA) a lancé la Brigade de lutte contre le désordre urbain. Objectif, assainir le district en le débarrassant de tout ce qui est immondices ou détritus.

La forte démographie que connait le District autonome d’Abidjan génère de nombreux défis dont celui du désordre urbain. Ce n’est donc pas un hasard si le ministre gouverneur Ibrahim Cissé Bacongo qui a remplacé Robert Beugré Mambé, le 27 décembre 2023, a mis au rang de ses priorités la lutte contre l’insalubrité qui tend à s’enraciner en maints endroits du district. C’est tout le sens de la création de la Brigade de lutte contre le désordre urbain dont le lancement des activités a été acté, le lundi 22 juillet 2024, en présence du Premier ministre Robert Beugré Mambé.

Cette brigade est composée de 295 agents issus, d’une part de la police du District autonome d’Abidjan et, d’autre part, des polices municipales des 13 communes de la capitale économique. Elle aura pour objectifs spécifiques de lutter contre l’occupation anarchique de l’espace public, la mendicité sous toutes ses formes, le commerce ambulant, l’importation et l’exportation de sachets plastiques, les affichages anarchiques sur les édifices publics, l’érection des fumoirs, l’usage des charrettes à bras (Wotro) et les besoins en plein air. Ce sont donc 8 actes d’incivisme caractérisé que les agents de cette unité spéciale devront combattre.

Cela dit, des questions méritent d’être posées au moment où cette brigade commence sa mission sur le terrain. D’entrée, on notera que cette unité est en sous-effectif, parce que 295 agents pour une population estimée à plus de 6 millions d’habitants, ça prête à sourire. Prenons la moyenne en rapport avec les 13 communes concernées par l’opération. On a 22 agents par commune. C’est dérisoire. Imaginons 22 agents pour la grande commune de Yopougon. Que pourront-ils faire concrètement pour venir à bout du désordre urbain sur un espace aussi grand qu’un ‘’Etat’’ ?

L’interrogation vaut pour Abobo, Adjamé voire Anyama. Autant dire que c’est une brigade qui a été créée pour le ‘’fun’’, parce que son action sera aussi efficace qu’un cautère sur une jambe de bois. C’est-à-dire, nulle. En conséquence, l’effectif de cette brigade peut être considéré comme une ‘’tare congénitale’’ qui pourrait ‘’obérer’’ la bonne volonté du ministre, gouverneur Cissé Bacongo.  Aussi, est-il surprenant que le DAA n’ait pas d’emblée jeté dans le bain davantage d’agents. Un millier aurait peut-être fait plus forte impression. Parce que le mal est profond. De plus, on note qu’il n’y a pas de numéro vert pouvant permettre une plus grande interaction entre la brigade et la population. Des cas d’incivisme caractérisés pourraient être signalés.

Par ailleurs, il est important que les agents qui sont appelés à être sur le terrain fassent preuve d’une plus grande rigueur et d’une fermeté à même de les rendre inaccessibles à tout racket ou acte de corruption. C’est à cette condition qu’ils pourront éviter de tomber dans les travers reprochés à d’autres unités lancées sur le terrain, mais qui n’ont pas connu les résultats escomptés. Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets ? Pour le reste, cette brigade qui vient combler un vide a une lourde mission à accomplir, à savoir, redonner à Abidjan, vitrine de la Côte d’Ivoire, sa magnificence d’antan afin d’en faire à nouveau ‘’la Perle des lagunes’’. Ce ne sera pas une sinécure, il est vrai, mais le coup est jouable avec cette unité qui a la chance de pouvoir compter sur homme d’engagement et de mission, Cissé Bacongo.

JFF/ Informateur.ci

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