Depuis le 31 octobre 2014, date historique, s’il en est, qui a vu la chute du régime quasi-trentenaire de Blaise Compaoré, le Burkina Faso semble s’étioler. Le pays n‘intéresse désormais guère grand monde, comme s’il n’était plus le même. Constat.
Le 21 octobre dernier, le ministre de l’Intérieur, ancien Bourgmestre de Ouagadougou, Simon Compaoré, affirmait avoir déjoué un putsch. Mais, bien avant, le 17 septembre 2015, était perpétré un coup d’Etat qui avait mis un coup d’arrêt à la Transition, avant que, sous la pression de la CEDEAO et de la communauté internationale, le général putschiste Gilbert Diendéré, qui avait bien réussi son coup, ne rende les armes et …le pouvoir à Michel Kafando. Ce sont autant d’évènements qui rythment la vie des Burkinabè depuis que Blaise Compaoré, celui-là même qui avait réussi la gageure de stabiliser ce pays naguère tourmenté, ne soit contraint à quitter le palais de Kosyam, le 31 octobre 2014. Et tout semble indiquer qu’il est parti avec… la quiétude, la tranquillité, l’attractivité, et ce je- ne- sais-quoi, qui met les uns et les autres en confiance, singulièrement, les investisseurs qui ne vont jamais là où n’est pas la stabilité. Le Burkina Faso vit donc une expérience paradoxale. En mettant fin à un régime qui avait pris la patine du temps et qui n’était pas un modèle de démocratie, les compatriotes de Thomas Sankara, croyaient, naïvement, faut-il l’avouer, mettre de leur côté les occidentaux, les bâilleurs de fonds et les investisseurs ; sans parler des touristes. Las !
- Le Burkina Faso vit un paradoxe
Il s’est plutôt produit l’effet contraire. Le Burkina Faso semble dorénavant n’intéresser personne. Comme si tout ce beau monde désapprouvait… la chute du Beau Blaise. Curieux. Mais pas seulement, puisque, preuve du désintérêt des bâilleurs de fonds, le président de l’Assemblée nationale, Salif Diallo, ancien mici dominici de Compaoré, s’est rendu en Côte d’Ivoire en début mai pour solliciter l’aide du président Alassane Ouattara. Ce qui avait fait tiquer certains de ses concitoyens. Récemment encore, le Premier ministre Paul Kaba Tiéba s’est fendu d’une déclaration qui montre que le pays est aux abois, pour ne pas dire plus. «S’il faut aller chercher des investisseurs en enfer, je m’y rendrai !», avait lancé, mi-déterminé, mi-désespéré, le chef du gouvernement. Plus qu’un cri du cœur, c’est un aveu. Celui d’un pouvoir en manque de soutien et d’appui budgétaires. A cela s’ajoute un autre défi et non des moindres. Le défi de la réconciliation des Burkinabè. Il ne serait pas exagéré de dire que l’instabilité qui semble s’être réinstallée au Pays des Hommes Intègres se nourrit, pour partie, de la division de la société burkinabé de plus en plus clivée après la chute de Compaoré. Les nouvelles autorités ont accentué le mouvement en se livrant à ce qui ressemblait à une chasse aux sorcières à l’encontre des anciens barons du régime déchu. Il s’en est suivie une fracture sociale qui a culminé avec l’exclusion des pro-Compaoré de la course à la présidentielle d’octobre 2015. Puis est intervenue la vague d’arrestations de nombreux partisans de l’ancien président. Autant d’évènements qui ont négativement impacté le climat socio-politique. Lire la suite sur lageneraledepressenet