@Informateur- Au Burkina Faso, l’enquête sur la tentative présumée de déstabilisation de la Transition militaire a été marquée, le dimanche 29 septembre 2024, par les aveux pour le moins étranges du Commandant Ahmed Kinda qui, un mois après son arrestation par la police nigérienne (le 30 août 2024) a reconnu les faits devant la nation, sur les antennes de la Radio Télévision Burkina (RTB), médias d’Etat. Des aveux dignes d’un scénario à la Bob Denard, dont certains pensent qu’ils ont pu être extorques, dictés le fusil sur la tempe, pour être répétés à la RTB.
- Des aveux bien tardifs sur un média d’Etat
Car selon les aveux de l’ancien chef des Forces spéciales burkinabè qui a été montré par la RTB en compagnie de deux de ses éléments censés être ses complices dans l’affaire, 150 mercenaires l’attendaient au Niger lourdement armés, en provenance de la République de Centrafrique. La cohérence de ces propos devrait, on peut le penser, être justifiée par le fait qu’en Centrafrique…où justement était établie une base militaire française jusqu’en 2022 avec des  » connexions francafricaines  ». Tout se tient donc. Autre point troublant, le coup d’Etat manqué, à en croire les aveux du Commandant Ahmed Kinda, devait être en grande partie orchestré par des mercenaires censés lui venir en appui, plutôt que par les éléments de l’Armée burkinabè dont deux seulement ont été présentés comme ses complices par la RTB.
- Des détails bien trop précis
Et alors qu’il n’a certainement pas pu rencontrer ces mercenaires, le cerveau présumé du coup d’Etat avorté sait avec une précision déconcertante et dans les moindres détails, qu’ils sont équipés de fusils d’assaut AK-47, de 10 mitrailleuses PKMS, de 10 lance-roquettes RPG7 et de 4 mortiers. Un arsenal avec lequel ceux-ci devaient descendre sur Ouagadougou pour lancer une attaque coordonnée. Dans l’affaire, le Commandant Ahmed Kinda cite un premier civil, le journaliste Abdoulaye Barry qui semble mieux outillé que les militaires en matière de planification de putschs ? ! Car c’est lui qui devait orchestrer l’arrivée de cette compagnie de mercenaires, selon les aveux du Commandant Kinda qui fait savoir que l’homme de média, Barry, est fort pourvu financièrement.
- Un journaliste commanditaire d’un coup d’État financé par ses propres moyens… une grande première en Afrique
D’autant plus ce dernier aurait négocié avec un intermédiaire pour la logistique et la connexion avec les mercenaires, avant de débourser la somme de 80 millions de FCFA à cette fin. Si les aveux du Commandant Ahmed Kinda ne permettent pas de savoir le mode de la transaction entre le journaliste et les mercenaires, ils indiquent cependant que Barry aurait fait nettement mieux que le montant de 10 millions de FCFA initialement convenus. Puis un second civil, journaliste lui aussi, le Nigérien d’origine ivoirienne Serge Mathurin, serait entré en jeu pour pour la réservation de l’auberge qui devait servir à l’hébergement du Commandant Ahmed Kinda et des autres personnes impliquées. Les aveux du Commandant Ahmed Kinda font ressortir que les deux journalistes ont été interpellés à l’entrée de Niamey lors d’une vérification approfondie. Mais force est de constater qu’on n’a pas trouvé trace des mercenaires et de leur arsenal au Niger où ils étaient censés être regroupés.
- 150 mercenaires lourdement armés séjournent à Niamey sans être repérés par la police et les services de renseignements nigériens!
En tout cas, la police nigérienne qui a procédé à l’arrestation du Commandant Ahmed Kinda le 30 août 2024, n’a ni détecté, ni signalé la présence de mercenaires venus de Centrafrique sur le sol nigérien. Alors que du fait de leur nombre, ces 150 mercenaires pouvaient difficilement passer inaperçus avec leur lourd stock d’armes et de munitions. S’ils ne sont plus présents sur le sol nigérien, par quels voies et moyens sont-ils répartis aussi incognito? Concernant les commanditaires qui feront bien entendu l’objet d’une enquête, l’ex-Commandant des Forces spéciales burkinabè cite Paul-Henri Sawadogo, le Lieutenant-Colonel Ouoba et Barry Abdoulaye qui auraient été régulièrement informés des actions en cours. A vrai dire, les aveux du Commandant Ahmed Kinda dans l’affaire du coup d’Etat manqué au Burkina Faso soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses.
DL/informateur.ci