Après la déroute des Éléphants : Des questions et pas de réponses…

Jean-Louis Gasset

@Le lundi 22 janvier 2024 va rester à jamais gravée dans la mémoire collective en Côte d’Ivoire comme un ‘’lundi noir’’, un jour de grande honte pour les amoureux du ballon rond et au-delà ! Et c’est peu dire.

4-0. C’est le score qui a sanctionné la rencontre entre la Côte d’Ivoire et la Guinée Equatoriale, le lundi 22 janvier 2024, pour le compte de la 3è journée dans le cadre de la 34è édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qu’organise le pays de Didier Drogba. Un résultat qui rend difficultueuse la suite des événements pour la bande à Gasset qui n’a plus son destin entre ses mains. Puisque la Côte d’Ivoire devra tenir compte de nombreux paramètres si elle veut terminer comme l’un des 4 meilleurs 3ès de cette compétition qui seront repêchés pour continuer l’aventure en huitièmes de finale. Une situation qui amène les supporters ivoiriens à sortir les ‘’calculettes’’. Suivons-les dans leurs interminables calculs de probabilité. ‘’Pour que la Côte d’Ivoire se qualifie pour les huitièmes de finale, il va falloir que le Ghana et le Mozambique fassent un nul, que le Cameroun ne batte pas la Gambie et, enfin, que le Maroc s’impose devant la Zambie. Ce sont des conditions cumulatives, de sorte que l’une validée sans les autres, les poulains de Jean-Louis Gasset seraient éliminés. Les trois doivent donc être réunies. Sacré challenge ! La probabilité de voir se produire ces trois scénarii est très mince. La Côte d’Ivoire est donc plus proche de l’élimination que de sa survie dans cette CAN qu’elle organise chez elle’’.

Il y a un autre calcul plus élaboré. ‘’Si le Cameroun fait nul ou perd uniquement sur le score de 1 but à zéro, les Éléphants passent au second tour dès la fin du match en question. Dans le cas contraire, les Ivoiriens devront attendre encore la journée de mercredi pour être situés. Avec ses deux derniers matchs qui se joueront également demain à 20h, le groupe D où sont logés l’Angola, le Burkina Faso, l’Algérie et la Mauritanie aura forcément un meilleur troisième qui surclassera la Côte d’Ivoire dans la course pour les 8/1 de finale. Donc, c’est inutile de regarder de ce côté. Pour le mercredi, l’Afrique du Sud doit, soit, battre la Tunisie, soit, faire nul. Mais dans les deux cas, le Mali doit forcément gagner la Namibie soit (1-0) ou bien de deux buts d’écart. Dans le cas contraire, il faudra attendre l’issue des deux autres rencontres de 20h. Le mercredi à 20h, il faudra une victoire ou un nul du Congo et une défaite de la Zambie face au Maroc pour que le pays organisateur ait des chances de se qualifier pour les huitièmes. Ce sont les différents cas de figures qui permettront aux Pachydermes ivoiriens de se qualifier pour le tour suivant de la compétition’’. Autant dire que ce ne sera pas une sinécure. Il sera plus facile d’être éliminé pour les Éléphants que l’inverse. Puisque les conditions pour qu’ils passent le premier tour sont quasi irréalisables voire irréalistes.

Dans tous les cas, la cuisante défaite des Éléphants a eu le don de mettre les Ivoiriens hors d’eux. C’est ainsi que Ahouman Gaël Lakpa, un analyste politique, féru de football, s’est fendu d’une publication pour dire tout le bien qu’il pense du sélectionneur Jean-Louis Gasset et de son employeur Idriss Diallo. ‘’Honte ! Encore une fois, la déroute inouïe des Éléphants de Côte d’Ivoire, subissant une défaite cinglante de 4-0 contre la Guinée Équatoriale devant notre public, représente un désastre sportif d’une ampleur catastrophique.  Face à cette débâcle retentissante, il est impératif que le président de la Fédération démissionne sans délai. Cependant, dans notre contexte, il semble que la honte dans la gestion de la chose publique soit devenue une norme. La désignation même de l’entraîneur Jean-Louis Gasset, qui avait suscité beaucoup de controverses à l’époque, incarne le point de départ de ce cauchemar.  Son manque de renommée et d’expérience révèle une décision émanant d’une logique qui échappe à toute compréhension rationnelle. Dans un contexte où des figures chevronnées comme José Mourinho ou Hervé Renard étaient disponibles, la préférence pour Gasset, demeure incompréhensible. C’est un acte de négligence déconcertant que le président de la Fédération devra désormais assumer. Au-delà du désastre sur le terrain, la mauvaise gestion de la Fédération ivoirienne de football est à blâmer, avec des pratiques douteuses allant du copinage à la corruption à différents niveaux, notamment dans la sélection des joueurs.  Des rumeurs persistantes à ce sujet nécessitent une enquête approfondie et une clarification. Les conséquences de ces agissements délictueux ont atteint leur point culminant avec cette honte nationale’’, a-t-il dénoncé.

Quant aux réactions des mordus de football, elles sont du même ordre, puisque la déception et la colère dominent. ‘’L’entraineur Gasset fait rentrer Max Gradel et Adingra sur le terrain au moment où le corbillard fonce vers le cimetière’’, se moque Ricardo Zama. ‘’L’humiliation sous toutes ses formes’’, renchérit un confrère. Et un autre d’ajouter sa touche. ‘’Sincèrement, avec ce jeu et cette équipe sans couilles (désolé pour le mot) Mais, mieux vaut qu’on dégage parce que si on croise le Sénégal par hasard, ça risque d’être la grande honte. Je jure que chaque Ivoirien aura son but !’’, ironise-t-il. Un autre encore y va de son couplet. ‘’Ça fait honte même. Je me demande comment ils vont être vus dans leurs clubs respectifs après cette déculottée, s’ils sont incapables de gagner de simples matches de poules avec leur statut de haut niveau. Toute la bande jusqu’au dernier joueur de cette CAN, ils doivent dégager ! On ne peut pas humilier la Côte d’Ivoire de la sorte…’’, déplore-t-il.

Un consultant sportif dépité ne s’est pas privé de décrier la non sélection de l’international Wilfried Zaha présenté comme un ‘’indiscipliné’’. ‘’Le mensonge : écarter une pièce maîtresse de l’équipe, Wilfried Zaha, au summum de sa forme, pour raison d’indiscipline, alors qu’il n’y avait pas plus forte tête que Yaya Touré qui nous a valu le trophée en 2015… Toujours le mensonge :  Un coach présenté comme un technicien compétent, alors que ses stats, connues de tous sont catastrophiques. La politisation de l’équipe nationale censée être le creuset de la nation…. Je m’arrête là. L’union sacrée ne pouvait se faire autour de cette équipe avec tous les obstacles créés autour d’elle. Au-delà de l’aspect sportif visible, l’osmose est la pierre angulaire qui fait vibrer une nation et qui transcende l’équipe nationale’’, confie-t-il, amer.

Il convient également, pour que la boucle soit bouclée, de dire un mot de la sélection de Sébatien Haller qui n’a pu livrer le moindre match alors qu’il est dans le groupe. On peut parler d’arnaque. En effet, pourquoi l’avoir sélectionné si c’était pour chauffer le banc de touche? Pis, il n’était même pas sur la feuille de match alors qu’avant cette rencontre, le sélectionneur français Jean-Louis Gasset a annoncé qu’il serait dans le groupe. Certes, une chose est d’être dans le groupe et une autre est d’être sur la feuille de match. Mais, pour ce match à quitte ou double, contre la Guinée Équatoriale, quelle logique peut gouverner un tel choix (ne pas classer Haller) ? C’est incompréhensible. Comme l’est la présence sur le banc de touche de joueurs comme Max Gradel et Adingra à qui Gasset a fait appel au moment où les carottes étaient déjà cuites. A l’évidence, il y a trop de questions et pas de réponses. Et dans le cas où les Éléphants réussissaient à être présents au second tour, il est douteux que le miracle ait lieu avec cette formation sans fond de jeu, sans vrai leader à même de faire la différence dans les moments chauds. Finalement, ne dit-on pas qu’une petite honte est préférable à la grande honte ? Autant donc en rester là. Les Ivoiriens ont déjà cuvé leur déception. Il ne faut pas en rajouter. Le pays est bien parti pour remporter la CAN de l’hospitalité et de la meilleure organisation. Ce ne serait pas plus mal…Le temps de la reddition des comptes sonnera bientôt pour Idriss Diallo. C’est une évidence !

Ousmane MODIBO

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